Homélie dominicale par le père René Aucourt

Homélie du 05 mars 2023, 2ème dimanche de carême

Dans les textes d’aujourd’hui, il est question de marche, de chemin. Il y a Abraham qui est invité à se mettre en route par Dieu lui-même. Il ne sait pas où il va mais il se met en route, il prend son bâton… Il y a aussi Jésus qui emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean et ils vont gravir une haute montagne. Ils vont eux aussi prendre leur bâton de pèlerin. Mais ils vont aussi redescendre de cette montagne pour retrouver leur vie quotidienne. Jésus lui aussi va suivre son chemin. Il va passer par la souffrance, la mort et aller jusqu’à la résurrection. Et nous aussi nous avons pris le chemin du Carême qui va nous emmener à la suite de Jésus jusqu’à la fête de Pâques.

Et voici qu’aujourd’hui sur notre chemin, nous avons un temps fort, un moment très particulier, une lumière, une révélation. Voici que Jésus révèle son vrai visage. Il s’inscrit dans toute une histoire. Il se présente avec Moïse et Élie, c’est à dire avec toute l’histoire de ce peuple, de cette Alliance entre Dieu et son peuple. Il est montré comme le Fils bien aimé du Père. Lui Jésus est donc bien le Fils de l’homme, le Fils de Dieu. Il est celui qui vient révéler le vrai visage de Dieu. Il vient rejoindre les apôtres, il vient nous rejoindre. Il vient éclairer notre chemin. Et devant cette lumière, devant le visage de Dieu lui-même, voici que les apôtres sont radicalement renversés ; ils se retrouvent le visage contre terre et ils sont saisis d’une grande crainte. Mais voici que Jésus vient, les touche et les invite à se relever. Ils ne restent pas par terre, ils peuvent même aller jusqu’au face à face, ils peuvent lever leurs yeux vers ce Jésus Fils de Dieu, ils peuvent le contempler.

Nous aussi, voici que Jésus lui-même vient nous rejoindre et il vient nous montrer son visage. Nous pouvons sûrement nous souvenir de tel ou tel moment qui nous a marqués, comme une lumière dans notre vie. Un mot, un geste, un visage, un paysage peut-être resteront toujours gravés en nous. Cela n’a pas duré et nous avons tant de mal à en parler… n’empêche que cette expérience nous a marqués et nous ne pouvons pas l’oublier. Notre chemin de foi a sûrement été marqué par ces instants. Comme si Jésus, lumière ineffable, venait nous goûter un peu de sa vie. Sur notre chemin, il vient aussi nous toucher, nous relever et il nous permet d’aller plus loin. Parce qu’il y a une suite… les apôtres vont continuer leur chemin, en redescendant de la montagne… il vont retrouver leur quotidien. Nous aussi continuons notre chemin… Jésus marche avec nous, il nous emmène avec lui, comme le dit l’Évangile. Il marche devant. C’est ce que nous vivons dans cette célébration...

Homélie du 26 février 2023, 1er dimanche de carême

Au désert, Jésus est approché par le Tentateur. Il faut toujours préciser que la tentation ce n’est pas le péché, mais c’est ce qui traverse l’homme et qui invite l’homme à agir dans un sens ou un autre, à exercer sa liberté… et souvent il peut  céder à la tentation, il peut entrer dans le péché. Jésus a été traversé par les tentations. En Saint Matthieu, il y a trois formes de tentations. La première est au ras du sol, il s’agit des pierres du désert. La deuxième est au-dessus du Temple et la troisième est sur une très haute montagne… de plus en plus haut. Le Tentateur est présent, il se déploie du plus bas au plus haut.

D’abord, il y a une situation précise, une réalité : Jésus a faim et il y a des pierres. Et voici que le Tentateur lui propose de passer au-delà de cette réalité, de transformer les pierres en pains. C’est la Tentation de ne pas respecter le réel, la réalité, la situation concrète et d’imaginer trouver une solution magique. Jésus dit non : il accepte de vivre la réalité humaine qui est la sienne et c’est là qu’il vit et reçoit la Parole qui fait vivre vraiment. Nous vivons si souvent cette tentation : ce serait bien si… c’était autrement, si j’étais ailleurs… et il est si tentant de trouver des solutions, ou plutôt des illusions, qui viendrait tout changer. Notre vie nous est donné, notre réalité humaine est bien là et c’est là que nous pouvons recevoir et vivre de la Parole de Dieu qui faut vivre.

La deuxième tentation c’est au sommet du Temple donc du côté de la religion, du côté de Dieu. Le Tentateur présente à Jésus une fausse image de Dieu : se jeter en bas uniquement pour faire un spectacle, pour démontrer une certaine puissance de Dieu. Et Jésus dit non. Il n’est pas ce Dieu de la force et de l’esbroufe. Il est le Dieu de la puissance de l’amour. Nous avons toujours en nous cette tentation d’utiliser la foi, la religion pour la transformer en puissance, en force…

La troisième tentation c’est au sommet d’une très haute montagne. Et là il s’agit du pouvoir, le pouvoir politique, la main mise sur les royaumes du monde et leur gloire. Et là encore Jésus dit non. Il ne veut pas de ce pouvoir-là. Son pouvoir est celui de l’amour. Il va être au service et il va donner sa vie par amour, jusque sur la croix. Son pouvoir c’est celui de la croix… Et nous aussi nous sommes toujours traversés par cette tentation. Nous avons tous à vivre une forme de pouvoir… mais comment le vivons-nous ? comme un service…

Ces trois tentations nous permettent de découvrir le visage de Jésus… lui qui a vécu complètement, parfaitement sa condition humaine, lui qui a révélé le visage de Dieu d’amour, lui qui a donné sa vie pour toute l’humanité. Et Jésus est le vainqueur du mal. Alors il peut nous aider sur notre chemin de vie. Les tentations nous traversent… mais Jésus le Christ nous entraine avec lui.

Homélie du Mercredi des Cendres 22 février 2023

Nous commençons donc ensemble le temps du Carême… un temps qui nous est donné pour nous préparer à une grande fête qui est celle de Pâques. Ce n’est pas un temps triste mais plutôt un temps sérieux ; où chacun est invité à approfondir, à aller plus loin, à donner du sens, à ouvrir notre cœur. Et Jésus dans l’évangile aujourd’hui nous donne des orientations ou plutôt des attitudes de fond. Il nous renvoie à ce qui fait notre vie… nos relations, relation avec les autres, relation avec nous-mêmes, avec notre corps, relation avec Dieu lui-même. Il nous invite à la fois à l’intériorité et à l’ouverture, mais pas n’importe comment. Il nous dit d’abord qu’il ne faut pas entrer dans cette attitude si facilement ancrée en nous qui est celle de se faire bien voir, voire même de se faire remarquer…non, dit Jésus, cela ne sert à rien parce qu’en fait la récompense est donnée par nous-mêmes. C’est en fait un repli sur nous-mêmes, sur notre bien-être, notre belle image. Il nous invite au contraire à nous ouvrir toujours… nous ouvrir aux autres, nous ouvrir à lui le Seigneur, nous ouvrir à nous-mêmes parce que si souvent nous nous cachons, nous ne savons pas vraiment qui nous sommes. Et il va plus loin encore en nous invitant à entrer dans une relation discrète, intime qui est celle de l’accueil du Seigneur lui-même. Ton Père voit dans le secret… non pas il te surveille pour te punir, non. Dieu sait voir, il pose sur nous son regard, il nous offre son amour, sa miséricorde. Il est présent au plus secret, au plus intime de nous-mêmes. Ainsi nous pouvons accueillir en vérité Celui a donné sa vie pour nous, Celui qui est mort et ressuscité et qui ne cesse d’être présent, au plus secret. Alors tout ce qui fait notre vie en est transformé, illuminé.

Recevoir le signe des Cendres c’est marquer notre désir profond d’avancer sur ce chemin de confiance. Les Cendres, sont à la fois le signe de quelque chose que l’on a brûlé, détruit, mais les Cendres peuvent être aussi fertiles, on peut faire pousser sur les cendres d’un volcan… et on peut aussi nettoyer, purifier, voire blanchir… ce signe de mort peut être aussi un signe de vie, de résurrection.

Avec ces Cendres, entrons sur le chemin du Carême… ne cherchons pas un chemin pour se montrer ou être bien vu, mais entrons dans la profondeur, le sens et suivons le Christ qui a donné sa vie… nous entrerons alors dans l’intimité, la relation avec le Père. Alors toute notre vie, nos relations, avec nous-mêmes, avec les autres, avec Dieu en seront transformées.

Homélie du 12 février 2023

Jésus continue de nous donner son enseignement… après avoir entendu les Béatitudes, cette affirmation que nous sommes lumière et sel, voici qu’il continue en nous donnant des exemples concrets de la vie que nous sommes appelés à mettre en œuvre. Il prend toujours le même plan : vous avez appris… et bien moi, je vous dis. Il s’appuie donc sur la loi que l’on peut dire ancienne. Il ne la supprime pas, il ne dit pas qu’elle ne vaut plus rien, il ne la rejette pas mais il invite à entrer dans une autre logique. La loi ancienne reposait sur les fameux 10 commandements ou plutôt les 10 paroles. Dieu a donné 10 paroles et la loi a sa source dans ce don de Dieu. Jésus va aller plus loin. Il va lui aussi donner sa parole mais elle va beaucoup plus en profondeur, en essentiel. Son commandement, ses paroles sont au nombre de deux mais les deux ne font qu’une seule parole : aimer Dieu et aimer son prochain. C’est le commandement, la loi de l’amour. Désormais il n’y a en a pas d’autre.  Alors il n’y a plus de limite. Qui peut dire : oui j’ai vraiment aimé jusqu’au bout, parfaitement… Jésus le Christ seul peut oser l’affirmer. Lui seul a donné toute sa vie par amour, a vécu parfaitement, complètement cet amour. Alors ne nous étonnons pas si ce que demande Jésus nous parait impossible : moi je vous dis : tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement ; ou bien moi je vous dis : tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur ; ou bien moi je vous dis de ne pas jurer du tout… La loi nouvelle apportée par le Christ Jésus est celle de l’amour, sans limite. Elle est donc à vivre, à construire, à inventer, à mettre en œuvre, chacun et ensemble.

Aujourd’hui nous sommes invités à nous ouvrir à une réalité humaine essentielle qu’est celle de la santé. Au cœur du monde de la santé, la loi nouvelle est à vivre… et personne n’en est exclu, que nous soyons du côté des malades, des soignants, des visiteurs. Chacun est invité à voir l’autre comme une personne unique, aimée de Dieu. La dignité de l’homme est toujours une urgence. Notre regard doit en être imprégné et il n’y a aucune limite. Nous avons tous des exemples, des expériences où cette loi nouvelle est vécue. Par exemple, un visiteur à domicile ou en hôpital qui simplement prend le temps d’écouter, ou bien un soignant qui respecte et prend soin avec douceur, ou bien une personne âgée qui demande de prier pour sa voisine qui l’a empêché de dormir mais qui sûrement elle, doit beaucoup souffrir…

Aujourd’hui, dans le monde de la santé, ou ailleurs, à chacun d’entre nous, le Seigneur répète : Moi, je vous dis… je vous dis, je vous invite à vivre la loi nouvelle, celle de l’amour.

Homélie du 05 février 2023

On connait bien ces affirmations de Jésus : vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde… et nous nous sommes habitués aux formules. Elles sont devenues très souvent des lignes morales que l’on pourrait traduire par : débrouillez-vous, faites des efforts pour être sel ou lumière. Jésus ne dit pas cela d’abord. Il dit : vous êtes, c’est donc au présent, on peut dire : c’est vrai, c’est fait, c’est une réalité d’aujourd’hui. La phrase nous touche donc au plus intime, au plus personnel. Lumière et sel font partie de notre être profond. Et Jésus dit : vous êtes. Il s’agit donc à la fois d’une dimension personnelle et aussi communautaire… Tu es et nous sommes ensemble. Donc, de façon toute personnelle et aussi ensemble, en communauté, nous sommes au plus profond de nous-mêmes sel et lumière. C’est une assurance, c’est notre dignité. Nous sommes sel c’est-à-dire que nous sommes dans l’essentiel : le sel est essentiel à la vie, il donne du goût, il conserve les aliments et même il est le signe de relations, voire même d’alliance, de rencontre. Nous sommes lumière, c’est-à-dire que nous éclairons, nous réchauffons, nous donnons signe, nous donnons à voir, nous guidons. Mais ce que nous sommes ne vient pas de nous. Ce n’est pas le résultat de nos efforts, de nos capacités. C’est le don, le cadeau de Dieu. C’est lui le Christ qui est la vraie lumière et qui la sèmes en nous. Dieu est la lumière de Jérusalem, la ville sur la montagne. Et Dieu est la lumière du chandelier à 7 branches, dans le Temple. Dieu est la lumière et nous recevons et participons à ce rayonnement de lumière. Dieu agit en nous et par nous.

Alors, alors seulement après cette reconnaissance, nous pouvons vivre de ce sel et de cette lumière. Nous pouvons en rayonner, nous pouvons donner goût à la vie. Nous pouvons partager et rayonner de cette lumière qui a été semée en nous. Nous et les autres aussi sont chargés de cette même mission. Nous pouvons alors nous arrêter un peu, prendre un peu de distance et nommer ceux et celles qui ont été ou qui sont pour nous lumière et sel. Et, aussi quand sommes-nous nous-mêmes sel et lumière pour les autres. Alors nous pourrons remonter à l’auteur, au Seigneur lui-même et nous pourrons lui rendre gloire en voyant toutes ces bonnes choses, ces bonnes œuvres comme Jésus lui-même nous y invite. Il ne faut pas s’arrêter en chemin, et nous considérer comme la source… mais il ne faut pas non plus passer par-dessus nos personnes. C’est bien par nous, à travers nous, nos paroles, nos actes que nous diffusons le sel et la lumière. Mais c’est le Seigneur lui-même qui en est la source.

Notre monde, nos proches ont tant besoin de lumière et de sel… Vous êtes, nous sommes sel et lumière pour le monde, pour notre terre.

Homélie du 15 janvier 2023

Nous sommes toujours en train de chercher à connaître et à comprendre qui est Jésus. Qui est-il celui-là ? Qui est ce Jésus et en conséquence pourquoi croire en lui pourquoi se réunir et écouter sa Parole, pourquoi le prier ? Ces questions sont les nôtres et elles sont bon signes. Elles montrent que croire c’est toujours une recherche, une avancée, un chemin de foi. Aujourd’hui encore, nous sommes invités à aller un peu plus loin, à recueillir des signes, des lumières. C’est  le prophète Isaïe d’abord qui nous a parlé de quelqu’un qui a de la valeur aux yeux de Dieu, et qui est comme une lumière pour toutes les nations. Et voici Jean le Baptiste qui parle de lui comme quelqu’un de bien plus grand que lui, et qui va recevoir la force de l’Esprit Saint, la force de Dieu. Jean le Baptiste l’appelle l’Agneau de Dieu et aussi le Fils de Dieu. C’est lui le Fils de Dieu. Autant de petites touches, d’expressions qui nous aident aujourd’hui. Jésus est le Fils bien aimé de Dieu, le Père. Il est tout rempli de Dieu, de sa force ; il est envoyé du Père. Il vient faire sa volonté, il vient réaliser son projet. Il vient pour chacun d'entre nous. Et ainsi il vient nous faire participer à sa vie. Nous pouvons nous aussi marcher à sa suite, et nous pouvons entendre grâce à lui ces mêmes paroles. Nous sommes chacun, à la suite de Jésus les enfants bien-aimés de Dieu, nous sommes des lumières les uns pour les autres, nous sommes tout remplis de la force de Dieu, de l’Esprit Saint. Nous sommes les fils et filles de Dieu. Voici ce à quoi nous entraîne ce Jésus que nous cherchons. Le baptême que nous avons reçu en est le signe.

Ô Père, je suis ton enfant
J'ai mille preuves que tu m'aimes
Je veux te louer par mon chant
Le chant de joie de mon baptême..

Ô Père, voici tes enfants
Formant une seule famille
Un même esprit les animant
La même foi, la même vie.

Homélie du Dimanche 08 janvier 2023

Nous aimons beaucoup ces mages ; ils sont très populaires… tellement qu’ils ont pris plein d’attributs au long des siècles… ils sont devenus des rois, ils sont trois ; ils ont pris des couleurs ; ils ont pris les trois âges de la vie etc… L’Evangile nous invite à revenir à l’essentiel. Voici donc des mages, donc des personnes qui sont en recherche, des scientifiques qui ont soif de connaître et de comprendre. Ce sont des chercheurs qui se mettent en route. Nous connaissons tous des personnes qui, comme eux, sont en recherche. Ils ou elles veulent connaître, comprendre, avoir des réponses. Il y a au fond d’eux, au fond de chacun cette soif, cette attente… on peut dire cette recherche spirituelle. Elle est aussi semée en chacun de nous, comme une petite graine que nous sommes chacun invités à faire pousser.
        Les mages s’en vont mais pas n’importe où, ni n’importe comment. Il y a une étoile qui les guide, qui leur montre le chemin. Voici qu’une aide extérieure, précieuse, leur est donnée. Pour chacun d’entre nous, nous croyons que le Seigneur nous donne une ou des étoiles sur notre chemin. Ce sont des personnes, des paroles, des gestes, des témoignages… et nous-mêmes nous pouvons être des étoiles pour les autres. Nous sommes des lumières pour nos frères, comme nous l’entendrons dans la bénédiction finale.

Mais leur chemin est détourné… voici qu’un roi vient s’interposer. Sous des aspects très polis et bienveillants, Hérode se renseigne et prépare une action pour qu’il garde bien son pouvoir. Il est jaloux et il ne veut pas accueillir cet enfant attendu. Sur nos routes aussi, il y a si souvent des obstacles. Nous avons toujours besoin de discerner, de voir clair pour ne pas être détourné de notre recherche. Nous avons besoin de vivre la prudence. La recherche de la lumière va toujours avec la prudence.

Et puis enfin l’étoile s’arrête. Les mages peuvent entrer dans la maison, ils voient Celui qu’ils cherchaient et ils entrent, nous dit l’Evangile, dans une très grande joie. Trouver la lumière, le sens de notre vie apporte tellement de joie. Les mages entrent dans la reconnaissance. Le mot reconnaissance est si fort. Il s’agit de reconnaître en cet enfant le Fils de Dieu, Dieu lui-même qui est venu parmi nous et qui s’est fait l’un d’entre nous. Et il s’agit d’en être reconnaissant, d’entrer dans un immense merci, une action de grâce. Ils offrent ces signes, ces symboles qui disent que cet enfant est Roi, est Sauveur et qu’il va donner sa vie. C’est ainsi toute notre vie qui peut devenir reconnaissance. Le Christ Sauveur est présent, notre vie est une vie dans la lumière et la joie. La dernière petite phrase est tout un programme : ils rentrent chez eux par un autre chemin… Les mages vont bien revenir dans leur quotidien mais le chemin est radicalement changé, modifié. La vie n’est plus la même… le chemin se continue, autrement.

Suivons les mages : puissions-nous rejoindre Celui que les mages, conduits par l’étoile, ont cherché et trouvé avec grande joie.

Homélie de Noël 2022

Avec Noël, c’est toujours frappant de voir l’accumulation des messages de paix, de joie, de bonheur… de lumière dans la nuit…on met en avant les attitudes d’ouverture aux autres, de la place des plus pauvres, on est touché par les situations de solitude ou d’abandon. Les fêtes de fin d’année sont de plus en plus marquées par ces valeurs. On ne peut que s’en réjouir, on ne peut que se mettre en harmonie avec tous ces souhaits et ces actes. Mais ici, dans cette célébration, il nous faut aussi aller à la source. Pourquoi être bon, ouvert, attentif aux plus pauvres ? Simplement parce que le ciel est tombé sur la terre et ça change tout. Avec la venue de Dieu au milieu de nous, c’est un monde nouveau qui est commencé. Il n’y a plus d’un côté un Dieu dans son ciel en train de s’ennuyer, bien loin de toutes les préoccupations des hommes et d’un autre côté justement une humanité en prise avec tant de difficultés et d’épreuves. Non, désormais tout est changé. Saint Augustin a cette très belle phrase : « Dieu, son Fils unique, il en a fait un fils d’homme, et en retour, il transforme des fils d’homme en fils de Dieu. » Désormais il n’y a plus de mur infranchissable. Il y a Dieu qui est venu chez nous. En Jésus Dieu vient chez nous… il vient partager tout ce qui fait notre vie, avec nos joies, et nos drames… il vient partager nos inquiétudes, nos peurs, nos épreuves… il est même venu partager la mort, notre mort. Il vient aujourd’hui dans notre monde, tel qu’il est ; dans notre vie, telle qu’elle est… et sa présence vient l’éclairer d’une façon nouvelle. Alors oui nous pouvons, comme lui, vraiment aimer, nous sommes chargés d’apporter la paix, l’espérance, la tendresse… l’attention aux autres, et aux plus pauvres en particulier. C’est ainsi que nous participons à la vie de Dieu.

Aujourd’hui Dieu vient chez nous. Il vient dans notre nuit… Il est l’amour infini qui vient briller dans notre vie. Douce nuit…

Homélie du 11 décembre 2022 (3ème dimanche de l'Avent)

Nous continuons de suivre Jean le Baptiste et il nous emmène plus loin encore. Ici il est présenté comme celui qui veut se renseigner, savoir si Jésus le Christ est bien celui qui est attendu… et à quoi cela va se voir. Alors Jésus parle de Jean Baptiste et il le présente comme un véritable, un grand prophète. Il est même le plus grand. Jésus insiste pour dire combien Jean Baptiste par toute sa vie est vraiment quelqu’un qui parle au nom de Dieu et sa vie est en harmonie avec ce qu’il annonce… pas de tromperie, pas de mensonge en lui. Mais Jésus va plus loin. Il se présente lui-même comme Celui qui vient inaugurer, commencer un monde nouveau. Avec lui, le Royaume des cieux est inauguré. Alors les mots de paix, de joie, de vie, de guérison, de pureté, et même de résurrection ne sont plus des mots, mais deviennent des réalités concrètes et visibles. Avec Lui, la Bonne Nouvelle est donnée, annoncée et elle fait des merveilles. Jean Baptiste reste bien le grand prophète mais il est le plus petit dans ce monde nouveau. Avec la venue de Jésus le Christ, le monde nouveau est commencé et il est grand.

C’est ce que nous nous préparons à fêter. Et nous en avons tant besoin. Notre monde est marqué par la peur et l’inquiétude… que sera demain ? Les souffrances, les peurs et les blessures sont si nombreuses. Nous n’arrivons pas toujours à voir, à deviner ce monde nouveau, inauguré par Jésus. Est-il bien réel dans notre monde, dans le cœur de nos proches, et en nous-mêmes ? Devons-nous en attendre un autre ? C’est bien souvent aussi notre question ? Nous savons bien qu’il ne faut surtout pas répondre par des formules toutes faites et tellement généreuses qu’elles peuvent vitre devenir naïves et irrecevables. D’ailleurs ce Royaume, Jésus l’a plutôt comparé à une graine qui pousse, un peu de levain qui fait monter la pâte…mais à une manifestation spectaculaire, renversante. Les signes du Royaume sont discrets, à la manière de Dieu. Et le Royaume sera toujours au-delà… il ne pourra jamais se confondre totalement avec un évènement ou un autre. Ce Royaume est à l’œuvre dans le cœur de chacun… lorsque la solidarité se met en route, lorsque la joie se partage, lorsque l’attention, l’ouverture à l’autre se fait très concrète… A chacun de dresser la liste longue de ces signes. Ils sont nombreux. Oui, nous croyons que ce monde nouveau est commencé. Il se continue aujourd’hui. Ce Royaume, ce règne c’est Jésus lui-même qui vient combler le cœur de l’homme, qui vient changer  nos aveuglements, qui vient nous relever et nous faire avancer malgré nos enfermements et qui plus encore nous fait participer à sa vie, de plénitude. Accueillir le Christ à Noël et dès aujourd’hui, c’est accueillir et reconnaître ces signes de sa présence et c’est se lever pour participer à la vie de Dieu en plénitude.

Homélie du 04 décembre 2022 (2ème dimanche de l'Avent)

Nous avançons sur ce chemin qui nous prépare à Noël et la liturgie nous aide dans cette avancée. Nous suivons plusieurs personnages et aujourd’hui c’est Jean- Baptiste qui nous emmène. Il est bien le personnage de l’Avent. Il est celui qui prépare, celui qui montre quelqu’un d’autre, celui qui invite, qui pousse à prendre les choses au sérieux. J’ai me les représentations de Jean Baptiste où on le voit en train de montrer avec sa main. Ce n’est pas lui qui est important, c’est Celui qui va venir, celui qui est plus grand que lui. Il n’est pas digne de faire le travail d’esclave devant lui c’est-à-dire de lui défaire ses sandales. Celui qui vient est grand, très grand. C’est Dieu lui-même qui va se faire proche, qui s’est approché. Il va être tellement proche de l’humanité qu’il va devenir l’un d’entre nous. Il va être si proche qu’il va commencer un monde nouveau. Dieu sera tellement présent qu’il va ouvrir un temps nouveau. Désormais un monde de paix, rempli de la présence de Dieu, où personne n’est exclu est commencé. Chacun est l’enfant bien-aimé de Dieu. Jésus va donner sa vie pour nous. Par sa mort et sa résurrection il fait entrer chacun dans cette nouveauté. C’est ce qui est signifié dans le baptême que nous avons reçu. Ici Jean-Baptiste nous prépare à le recevoir en vérité. Un baptême pas seulement un signe de purification mais un baptême dans l’Esprit Saint et le feu. Un baptême qui vient nous donner une dignité nouvelle, celle des enfants de Dieu, celle de ceux et celles qui  peuvent entrer dans ce monde nouveau. Voici ce qui nous est donné. Mais encore faut-il le recevoir, encore faut-il accepter d’aller dans la nouveauté… Si facilement, nous restons dans le vieux monde, nous nous égarons, nos fruits sont mauvais ou inutiles. C’est pourquoi Jean- Baptiste insiste tellement sur le «  convertissez-vous » c’est-à-dire, changez de direction. Ne restez pas dans vos erreurs. Choisissez de produire de vrais et de bons fruits. Des fruits d’ouverture, d’accueil, de paix … des fruits de service des autres, de joie, de  confiance. Des fruits d’espérance. Dieu s’est fait proche en Jésus, alors accueillons-le en vérité. Notre monde en sera transformé. « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. »

Homélie du 27 novembre 2022 (1er dimanche de l'Avent)

Il y a beaucoup d’images, plutôt terrifiantes, dans toutes les lectures aujourd’hui. Des images qui disent la fin d’un monde, une destruction et surtout dans cet évangile, un quotidien qui est bouleversé. Par exemple, on mange, on boit, on se marie, on travaille au champ ou au moulin… et tout semble remis en cause, bouleversé…

C’est bien ce que nous vivons également… quel est notre quotidien, quelle liste pourrions-nous établir ? Nous pourrions aussi dire que ce quotidien est souvent perturbé, bouleversé… nous sommes inquiets devant l’avenir, devant la destruction de la création, devant les prix des énergies… chacun peut continuer. Notre quotidien est marqué aussi par l’inquiétude et le bouleversement…

Mais ici, que dit Jésus… ici, il parle d’un bouleversement qui est une venue… la venue de quelqu’un, le Fils de l’homme… le verbe venir est répété pas loin de cinq fois. Et cette venue vient bouleverser, changer… mais ce Fils de l’homme ne vient pas pour faire peur ; non. Il vient pour apporter la lumière : on a entendu : la nuit est bientôt finie, le jour est tout proche… ou bien Isaïe disait la paix : les hommes n’apprendront plus la guerre.

Nous croyons que Jésus est cet Envoyé, ce Fils de l’homme. Il est venu au milieu de nous et il revient. Nous nous préparons à l’accueillir. Il vient dans notre quotidien… il vient apporter la lumière et la paix et il vient un peu bouleverser, changer notre vie. Il nous faut l’accueillir, il nous faut nous préparer pour cela. Alors Jésus dit et répète : veillez… il ne s’agit pas d’entrer dans une tension telle que la vie n’est plus que tristesse et angoisse… non, il s’agit d’être disponible, d’ouvrir son cœur et sa vie pour que Jésus, le Fils de l’homme puisse vraiment habiter ce qui fait notre vie, notre quotidien. Il vient. Veillez…