La paroisse Saint-Augustin en nord-clunisois

fondé en 2004 Par Monseigneur Séguy regroupe 18 villages.

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La vie de Saint Augustin

 En ouvrant cette biographie, nous voudrions dire un mot du portrait de Saint

Augustin qui apparaît désormais en première page de notre bulletin de liaison.

Ce portrait, le plus vénérable connu, est celui qui figure sur la fresque du Latran qui date du VIème siècle.

Le pape Grégoire le Grand avait fait aménager dans la partie du palais qu’on appelle Sancta sanctorum, une bibliothèque aussi fournie que possible. Et suivant la coutume antique, il la fit orner de portraits d’hommes illustres, en particulier, de Pères de l’Eglise. Celui d’Augustin illustrait le « département » où se trouvaient conservées ses œuvres.

C’est probablement la reproduction d’un tableau qui avait été fait du vivant d’Augustin et qui accompagnait sa bibliothèque lors de son transfert à Rome vers 445.

Augustin est vêtu à l’antique, tunique et pallium ; il tient dans sa main gauche un rouleau de ses œuvres, de la droite il désigne le Livre par excellence, la Bible, dont il explique le sens mystique, c’est à dire le Christ, sens plénier des Ecritures.

Il prêche, et il faut simplement imaginer ses auditeurs pressés autour de lui pour l’écouter.

Il n’a pas de costume clérical ou liturgique. Dans sa Règle aux religieux, Augustin dit : 

 « Que votre tenue ne soit pas voyante. » Et dans un sermon il dit aux fidèles :  « Ne m’offrez pas un vêtement de luxe ; cela convient peut-être à un évêque, mais cela ne convient pas à Augustin, pauvre et fils de pauvres. »

Il y a là, probablement quelque malice à l’égard d’autres évêques de cette époque, moins soucieux de pauvreté.

Né le 13 novembre 354, Augustin, son frère Navigius et sa sœur ( dont on ignore le prénom ), étaient les enfants de Patricius et Monique, petits propriétaires terriens, exploitants agricoles à Thagaste (aujourd’hui Souk Ahras, aux confins de l’Algérie et de la Tunisie), au cœur de l’Afrique romaine qui couvrait grosso modo le Maghreb actuel, région prospère à l’époque, « grenier de Rome », l’approvisionnant en céréales, huile d’olive et vins.

Augustin, son frère et sa sœur vécurent là une enfance heureuse. Il nous dit pourtant qu’il n’aimait pas l’école et ses brutalités ; on le comprend. Mais son intelligence y brilla rapidement, et ses parents firent tout ce qu’ils pouvaient pour favoriser sa réussite, sa « promotion sociale » dont ils espéraient profiter eux-aussi. Il fit donc d’excellentes études primaires, secondaires, et finalement universitaires à  Carthage ; et il devint bientôt professeur de lettres.

Le couple parental était mixte. Monique était une bonne chrétienne, Patrice un brave païen qui ne fit pas obstacle à ce que la mère donnât une éducation chrétienne aux enfants. Bébé, Augustin reçut le sacrement des catéchumènes : le signe de la croix sur le front, les grains de sel sur les lèvres, ce qu’on appelait autrefois les rites préliminaires du baptême. Plus tard, à sept ans peut-être, il tomba gravement malade ; en danger de mort, il réclama instamment le baptême. Mais il se rétablit et on différa la cérémonie. Il y avait en effet à l’époque, deux catégories de chrétiens, les « fidèles » : ceux qui avaient reçu le baptême, sacrement de la foi, et promis de vivre en bons chrétiens ; et les catéchumènes qui préféraient se tenir confortablement sur le seuil, en se disant qu'il serait toujours temps de faire le nécessaire plus tard.

Augustin fut donc toujours chrétien : « Il avait bu, dit-il, le nom de son Sauveur avec le lait de sa mère et il le retenait au fond de son cœur d’enfant. » mais il est probable qu’il n’y pensait guère au cours des années folles de son adolescence.

A dix-sept/dix-huit ans, étudiant à Carthage, il se lia à une compagne qui lui donna un enfant. Ils le prénommèrent Adéodat, « Dieudonné ». Bon père, Augustin dit que l’enfant non désiré sut, une fois né, se faire aimer. C’est naturel ! Adéodat, âgé de quinze ans reçut le baptême à Milan en même temps qu’Augustin dans la nuit pascale de 387. De retour à Thagaste, le père continua l’éducation de son fils surdoué qui  mourut prématurément vers l’âge de dix-huit ans, de maladie ou par accident, on ne sait. Mais son père édita peu après, en guise de mémorial, un beau dialogue intitulé Le Maître (= le Christ ), en assurant que tout ce qui y est prêté à Adéodat est bien de lui. Il n’y a pas de raison sérieuse d’en douter.

Entre-temps Augustin ne fut jamais un « prof peinard », sans autres soucis que professionnels, sentimentaux et familiaux, car il avait lu un dialogue philosophique de Cicéron qui l’avait enthousiasmé. Dès lors il était déstabilisé, pris entre son amour de la Sagesse (=la philosophie ) et ses passions de jeune homme ardent et ambitieux ; et il partait dans une longue quête de la Vérité.

La Cité de Dieu

Suite de notre approche de Saint Augustin, une troisième grande œuvre : La Cité de Dieu.

A Carthage, certains hauts responsables contestaient la compatibilité du christianisme avec le service de l’Etat. C’est pour répondre à cette contestation qu’Augustin s’engagea, pour des années, dans une grande apologie du christianisme.

L’ouvrage comporte 22 chapitres. Les 10 premiers dénoncent et réfutent avec verve, sans pitié, les aberrations de toutes sortes de cultes rendus aux dieux des nations, qui sont et ne sont que des démons.

Les 12 autres chapitres décrivent l’histoire de deux Cités, leurs origines, leurs développements, leurs fins, en commentant les sept premiers livres de la Bible et les livres des Prophètes :

« Deux amours ont fait deux Cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la Cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la Cité céleste. »

Augustin emprunte ces qualificatifs à saint Paul qui opposait Adam, l’homme terrestre, et le Christ, l’homme céleste.

Dans la Cité terrestre, la sagesse orgueilleuse, se dégrade en idôlatrie ; dans l’autre, au contraire, il n’est pas d’autre sagesse que la piété par laquelle on adore en vérité le vrai Dieu, la piété qui attend comme récompense dans la société des saints, hommes et anges, que Dieu soit « tout en tous ».

Ces deux Cités sont appelées mystiquement Babylone et Jérusalem dans les saintes Ecritures. Elles sont emmêlées, enchevêtrées, jusqu’au Jugement dernier. Ne cherchons pas surtout dans La Cité de Dieu une théologie politique des rapports de l’Eglise et de l’Etat. C’est un contresens fatal qui a été malheureusement commis au Moyen Âge….

Babylone signifie « confusion » ; c’est Babel, l’embrouille de la vie du genre humain, le monde des hommes vendu au pouvoir du péché, comme dit saint Paul, ravagé par les méfaits de l’orgueil : l’égoïsme, la jalousie, la volonté de puissance, les dissensions, les guerres et toutes les misères qui s’ensuivent.

Jérusalem signifie « vision de la paix », la paix de Dieu « tout en tous » dans la Vie éternelle ! L’objet de notre foi, de notre espérance, de notre amour !

Fils d’Adam pécheurs, nous naissons tous à Babylone. N’en soyons pas les citoyens, ne soyons pas des idolâtres, victimes des démons qui occupent ce monde. Prenons conscience de notre exil : dans ce monde, dans les tribulations du siècle, dans la cohue des scandales, nous gémissons comme en captivité.

« Au bord des fleuves de Babylone, nous sommes assis et nous pleurons ; nous avons suspendu nos harpes aux saules des rives, arbres stériles » (Ps 136) ; nous n’avons pas le cœur à chanter les chants de Sion à Babylone.

Sortons de Babylone !

Et nous voici en pèlerinage : nous allons vers la maison de Dieu et nous chantons les psaumes des montées : « Heureux celui dont Tu es le soutien. Seigneur ! Tu as disposé des montées dans son cœur ». (Ps 83, 6).

Notre pèlerinage est intérieur : l’Esprit Saint, le don de Dieu, nous enflamme et nous allons, nous montons les montées du cœur et nous chantons le cantique des degrés.

« Ton feu, ô Dieu, nous embrase et nous porte en haut vers la paix de la Jérusalem céleste. »

Source : Portrait de Saint Augustin, de Goulven Madec

les commentaires des psaumes

Source : Portrait de Saint Augustin, de Goulven Madec
D ans les bulletins précédents, l’évocation de l’oeuvre de Saint Augustin nous a donné l’envie d’aller plus loin.
Avec « Les Commentaires des Psaumes » nous nous sentons touchés directement. Dans nos célébrations en effet, nous écoutons souvent, lues ou chantées, ces prières étonnantes, splendides, mystèrieuses, venues du fond des âges.
Lors de sa conversion, Augustin a été enthousiasmé par le chant liturgique des Psaumes. Devenu prêtre, il a conçu le projet de les commenter tous. Il en faisait le thème de ses sermons, après que le Psaume ait été lu ou chanté.
Et il rappelle constamment :
« C’est toujours le Christ qui parle, qui prie dans les Psaumes, soit en son nom propre comme Tête de l’Eglise, soit au nom de ses membres. »
Par exemple, Jésus cloué sur la croix crie le début du Psaume 21 : « Eli, Eli, lema sabachtani », « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ? »
Pourquoi ? si ce n’est parce qu’il parle de moi, de toi, de lui ; parce qu’il porte là son corps qui est l’Eglise. »
Par ce cri, sur la croix, Jésus inaugure lui-même l’interprétation christique des Psaumes.
Pendant des années Augustin a prêché sur l’un ou l’autre Psaume, en ordre dispersé. Un jour le lecteur, troublé se trompa :
Augustin lui avait indiqué un Psaume court ; il chanta le Psaume 138. Mais Augustin tint à se conformer à la volonté de Dieu manifestée par cette erreur et improvisa son commentaire de ce Psaume 138.
On peut y saisir sur le vif la façon dont Augustin interprétait les Psaumes :
« Notre Seigneur Jésus-Christ parle dans les Prophètes parfois au titre de notre Tête, et c’est le Christ Sauveur lui-même, qui siège à la droite du Père, qui est né aussi pour nous de la Vierge et qui a souffert sous Ponce-Pilate tout ce que vous savez…
et, bien sûr, s’il est la Tête, il a un corps. Or son corps, c’est l’Eglise qui est aussi son épouse, à laquelle l’apôtre Paul dit :
« Vous êtes le corps du Christ et ses membres ».
Le Christ total est donc Tête et Corps, comme un homme en son intégrité….
Notre Seigneur Jésus-Christ parle donc dans les Prophètes, tantôt de sa propre voix, tantôt de notre voix, parce qu’il s’est fait un avec nous, comme il a été dit : « Les deux seront en une seule chair ». C’est pourquoi le Seigneur lui-même dit aussi dans l’Evangile, lorsqu’il parle du mariage : « Ils ne seront plus deux, mais une seule chair ».
Donc tout ce que le Seigneur dit au titre de la chair qu’il a assumée, concerne et cette Tête qui est déjà montée au ciel, et ces membres qui peinent encore dans leur voyage sur la terre ; et ce fut au nom de ces membres qui peinent, lorsque Saül les Vous êtes le corps du Christ et ses membres...
persécutait, que le Seigneur cria du haut du ciel : « Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? »
Ecoutons donc le Seigneur Jésus-Christ parler dans la prophétie.
Les Psaumes, en effet, ont été chantés bien avant que le Seigneur naquît de Marie, mais non pas avant que le Seigneur existât, car le Créateur de toute chose existe toujours ; mais à un moment donné il est aussi né de la créature. Croyons donc et, pour autant que nous pouvons, comprenons que cette divinité est égale au Père, mais cette divinité égale au Père s’est faite participante de notre mortalité,
qui n’était pas son propre, mais le nôtre, afin que nous devenions participants de sa divinité, qui n’est pas notre propre mais le sien. »
Ce principe, Augustin va l’appliquer en détail au Psaume 138. Il le relit, verset par verset – il a le livre ouvert sur les genoux – et il attire l’attention sur telle ou telle particularité :
Verset 1 : « Seigneur, Tu m’as éprouvé et Tu m’as connu. »
« Le Seigneur Jésus-Christ dit lui-même au Père « Seigneur »
car son Père n’est son Seigneur que parce que lui a daigné naître selon la chair. Il est son Père en tant qu’il est Dieu, son Seigneur en tant qu’il est homme….»
Et ainsi de suite pour les vingtquatre
versets.